J’ai relevé le défi de cette traversée de 900 km entre Hendaye et Banyuls, empruntant la légendaire route des cols pyrénéens. Ce parcours exigeant, destiné aux cyclistes aguerris, traverse une trentaine de cols mythiques du Tour de France dont le Tourmalet, l’Aubisque, le Peyresourde ou encore le col d’Aspin. Les 24 000 m de dénivelé positif cumulé ont poussé mes limites, mais chaque effort était compensé par des ravitaillements improvisés et l’accueil chaleureux des villages traversés. Les descentes mémorables, comme celle du col du Soulor plongeant vers la vallée d’Ossau, offraient des moments de grâce aérienne entre prairies, forêts profondes et falaises escarpées, révélant la beauté sauvage et préservée des Pyrénées.

Les conditions météorologiques ont alterné entre bienveillance et défiance. Les matinées fraîches de juin facilitaient les ascensions, tandis que les après-midis transformaient les vallées en fournaise, avec des pointes à 30°C, rendant chaque montée encore plus éprouvante. Les cols exposés aux caprices du vent exigeaient parfois de pédaler en danseuse contre des rafales puissantes, tandis que les orages estivaux glaçaient les descentes sous des averses torrentielles. La neige persistante sur les sommets rappelait l’âpreté hivernale de ces montagnes, même en pleine saison cyclable.

Cette traversée éprouvante, foulée par des légendes comme Eddy Merckx ou Raymond Poulidor, fut bien plus qu’un exploit sportif : une leçon d’humilité face à la grandeur minérale et humaine des Pyrénées. Elle m’a permis de découvrir des paysages spectaculaires, des villages authentiques et une diversité culturelle unique, tout en repoussant mes propres limites physiques et mentales.